En anglais on appelle ça “tinkering”. Le bricolage, la bidouille. C’est l’idée que l’on apprend en faisant, en manipulant. Ça ne fait pas très sérieux quand on en parle, et pourtant c’est très sérieux : c’est en expérimentant que l’on apprend et que l’on découvre. C’est exactement ce que nous faisons avec l’ordinateur dans nos ateliers. A Paris, j'ai trouvé une nouvelle occasion de bidouiller. C’est ainsi que nous sommes allés avec mes enfants à un atelier Brico-Quartier à l’Espace Pierre-Gilles de Gennes, organisé par l’association Les Atomes Crochus (joli nom, non ?), pour “bricoler des machines”.
Des assiettes en carton, des bouchons en liège, des pailles et des bâtons d’esquimaux… de la récup, quoi. Et là, le défi pour les enfants
(et les grands) : construire avec ce qui est là une machine qui descendra la pente toute seule. Ça a l’air facile, mais vous devriez essayer !
Mon fils Hugues a eu une idée simplissime : 2 assiettes en carton reliée par un cure dent. Ça a marché du premier coup ! Après ce premier succès, il a travaillé sur la stabilité de son bolide. Conseillé par l’animatrice, il a rajouté une sphère en polystyrène entre deux, pour un résultat qui roulait beaucoup plus droit. Quant à moi, j’ai réinventé l’essieu. Mon premier succès, c’était un bouchon en liège coupé en deux et relié par un cure-dent. Simple et efficace, mais pas très fun. J’ai voulu faire mieux. Et là, j’ai buté sur comment accrocher une plate forme au-dessus des roues en leur laissant du jeu pour continuer à tourner.
Un coup d’œil autour de la table sur les travaux des autres, et j’ai trouvé la solution : glisser les essieux dans des bouts de paille en plastique découpés, et coller la plate-forme aux morceaux de paille. Avec Anna, nous avons parachevé avec les décorations qu’elle avait fabriquées, et on étaient très fières. Un vrai char de carnaval, et qui roulait, bien sûr.
On pourrait croire que la science, ce sont des règles découvertes par d’autres que l’on apprend et que l’on applique. Mais faire la science, c’est émettre des hypothèses, les tester, et construire de façon incrémentale de nouveaux savoirs. Un bon article a été publié récemment sur le sujet sur le blog MindShift (en anglais). C’est cette démarche que nous mettons en œuvre quand nous bidouillons une machine qui roule. De la théorie à la pratique, on intègre des notions de mécanique parce qu’on les éprouve concrètement (la stabilité de la roue, le frottement). Si cette expérimentation ne remplace pas l’étude de la théorie, il est certain qu’on la comprendra mieux lorsqu’elle sera exposée, parce que l’on aura expérimenté le concept. C’est une idée développée (brillamment) par Seymour Papert, le chercheur dont la pensée a irriguée la tortue LOGO, les LEGO Mindstorm et Scratch :
Anything is easy if you assimilate it to your collection of models [if not] anything can be painfully difficult.
De l’importance de donner aux enfants l’opportunité de se confronter par l’expérimentation aux sciences et à la technique.